SE SOUVENIR


Certificat d'Etudes passé par André Mareschal en 1933


 

 

 

 

 

SOUVENIRS du CERTIFICAT d'ETUDES avec André MARECHAL

 

 

 

 

 

 

 

 

Créé en 1866, le Certificat d'Etudes Primaires (CEP) marquera la fin de la vie scolaire pour beaucoup de français. Tombé en désuétude, il sera supprimé par décret en 1989, il y a 20 ans. Retour en arrière avec André Maréchal qui a passé cet examen en 1933.

Comment se passait la préparation à l'examen ?

 

Monsieur Borron, le maître, nous gardait quelques temps avant la date pour travailler le soir après l'école. Dans la classe des garçons on était plusieurs à passer notre certificat. Georges Sarron et moi, on l'a passé à 11 ans. On n'avait pas de calculette (sourire). Il fallait fournir des efforts et travailler.

 

Le maître n'arrêtait pas de donner des recommandations. Il était un peu stressé, il avait dans la tête le regard de bien briller aux yeux de l'inspecteur. L'instit qui avait instruit l'élève 1° du canton était bien considéré.

 

Comment se déroulait la journée d'examen ?

Il ne me semble pas que c'était l'instit qui nous avait emmené à Coligny. C'était une grande escapade ! C'était la première fois qu'on sortait avec une tenue améliorée et des chaussures du dimanche. On mangeait à l'hôtel de "la Cloche". On avait un repas à un degré supplémentaire de la maison, on n'avait jamais fréquenté un hôtel !

 

Et l'examen par lui-même ?

C'était dans la poste actuelle. On avait des épreuves séparément pour les filles et les garçons ; les filles, la couture et les garçons, le dessin. Le matin, c'était les épreuves écrites. La rédaction : il fallait relater un évènement qui a marqué notre vie. J'ai raconté la visite chez mon grand-oncle à Peyssoles. Mes grands-parents nous avaient emmené, mon frère et moi, en voiture à cheval. Ma grand- tante avait tué un énorme dindon. Il fallait partager un repas, parler ne suffisait pas.

 

Après, c'était la dictée, ça effrayait un peu, mais c'était surtout les questions qui, souvent, nous rebutaient. Et puis le calcul, problèmes de trains et de robinets. On y avait travaillé à fond, ça n'empêchait pas les bourdes énormes !

 

Et l'histoire- géo. Y'avait les dates d'histoire, les fleuves, les départements, les préfectures et sous-préfectures.

L'après-midi, dessin, récitation et chant. On savait beaucoup de chants et La Marseillaise en entier.

 

Comment aviez-vous connaissance de vos résultats ?

On savait le soir si on l'avait ou pas. Avec Georges Sarron, si on l'avait pas eu, la maître nous aurait giflé ! Y'avait pas de repêchage, une bourde à l'examen et c'était loupé. On a fait "ouf" quand c'était fini !

 

Voyiez-vous votre maître lors de cette journée ?

Oh oui, à la sortie de midi, les instits savaient déjà ce qu'on avait fait,et on se faisait engueuler. Georges Sarron s'est fait engueuler pour un accent pas mis, ça faisait une demi faute. Et on le voyait aussi le soir. Là, c'était autre chose, valait mieux être reçu et avec de bons résultats !

 

Et après l'examen ?

A partir du certif', on n'était pas obligé d'aller à l'école. Mais j'y suis allé jusqu'à 14 ans. J'ai appris l'algèbre, c'était vraiment bien !

 

L'instit voulait que je continue dans le secondaire, ça a été une bagarre avec mes parents. Pour son compte personnel, le maître ne montait pas en grade ; ça a fait un froid avec mes parents. Mais je ne regrette pas ce que j'ai fait dans ma vie !