DECOUVRIR et RE-DECOUVRIR

PASSIONS : Randonnées alpines

2015 DECOUVRIR et RE-DECOUVRIR : Passions

 

Carole Marquis - Encadrante bénévole en randonnée alpine au Club Alpin Français

La montagne, c'est sa passion. Marcher, grimper, donner, partager sont sources de bonheur pour cette villemontoise volontaire, au sourire enchanteur, qui exerce la profession de secrétaire dans la vie de tous les jours.

A Villemotier, on est plus proche de la terre-glaise que des rochers. Comment avez-vous découvert la montagne ?

C'est avec ma meilleure amie Valérie. Ses parents avaient une maison en Haute-Savoie et elle m'a proposé d'aller passer une semaine avec elle. Elle connaissait déjà et elle a eu beaucoup de plaisir à me faire découvrir de la petite balade pour arriver à une nuit en refuge, poser le pied sur un glacier, chausser des crampons. J'ai tellement apprécié que je ne pouvais plus qu'y retourner !

Et ensuite ?

Suite à ça, j'ai cherché une solution pour aller marcher plus souvent. Et c'est en 2004 que j'ai trouvé le club des "Semelles Fumantes" à Montrevel. Il me convenait car on peut proposer un itinéraire de sortie. C'est là que j'ai commencé à proposer des itinéraires de montagne, plutôt dans le Bugey. On n’allait pas très loin. Mais ça ne me suffisait encore pas. Bernard Pelus, le président de l'époque, me propose d'adhérer au "Club Alpin" de Bourg. Là, c'est le saut dans le grand bain, j'ai découvert toutes les disciplines de la montagne : l'escalade et les raquettes, la randonnée alpine, le ski de randonnée et l'alpinisme et pas uniquement la marche ! On est en 2006.

Quelle est votre discipline préférée ?

La randonnée alpine m'a vraiment plu. Ce sont des randonnées sur des sentiers non balisés, sur des rochers, sur des pentes de neige ou sur des glaciers non crevassés. J'ai commencé en participant aux sorties et très vite, deux de mes encadrants, Georges et Brigitte m'ont proposé d'emmener une cordée et de me former. 

Comment se passe la formation ? rgb(255, 85, 23)

Elle se compose de différents modules. L'unité de formation commune aux activités appelée UFCA qui explique la vie de fédération, la responsabilité de l'encadrant pour emmener un groupe, le nombre de personnes, etc... Toute la partie administrative et réglementaire. L'obligation d'avoir un diplôme de premiers secours, le PSG 1. Après, il y a deux fois deux jours de cartographie-orientation sur le terrain avec une course d'orientation de nuit. Et pour finir, un stage de 5 jours avec mise en situation avec une cordée et simulation de toutes les situations difficiles qu'il est possible de rencontrer. Cette partie repose sur une validation des compétences et du comportement du futur encadrant. En même temps, je continuais toujours mes courses en montagne. On est en 2007, j'obtiens le "Brevet Fédéral d'Initiateur Randonnée Montagne".

Sur votre autre carte, est inscrit "Brevet Fédéral d'Initiateur Randonnée Alpine". Quelle est la différence entre "Randonnée Montagne" et "Randonnée Alpine" ?

La "Randonnée Montagne" se fait sur des montagnes de moins de 3000 m. La formation "Randonnée Alpine" est beaucoup plus complète. Mais dans le cadre du "Club Alpin" de Bourg, j'avais déjà fait des courses sur glacier, soit en tant que participante, soit comme co-encadrante. J'étais toujours chaperonnée par quelqu'un. Cette expérience, qui a été un plus pour ma formation d' "Initiateur Randonnée Alpine", m'a confortée dans l'idée que, oui, je pouvais le faire !

Que vous a apporté le "Brevet Fédéral d'Initiateur Randonnée Alpine" ?

Avec une formation beaucoup plus complète et beaucoup plus complexe, il me permet d'encadrer des personnes au-delà de 3000 m d'altitude, sur des itinéraires mal balisés ou non balisés, sur des courses de rochers cotées "faciles", sur des pentes de neige inférieures à 30 % ou sur des glaciers non crevassés.

Selon vous, quelles sont les qualités requises pour être un bon encadrant ?

On est sur des terrains plus périlleux, donc il faut avoir beaucoup plus conscience du niveau des gens qu'on emmène. Il faut bien cerner les personnes que l'on doit encadrer, leur niveau sportif et leur état psychologique. Il faut savoir gérer des situations qui peuvent être telles que le vertige, la panique ou une grosse fatigue. Les gens ont besoin de sentir qu'on maîtrise bien notre sortie. Il faut aussi savoir improviser rapidement et sans laisser planer un doute en cas de besoin.

Combien de personnes pouvez-vous encadrer ?

Tout dépend du niveau de difficulté de la course : ça peut aller de deux personnes quand on est encordé en haute montagne ou sur un glacier par exemple, jusqu'à douze quand la course ne présente pas de difficulté majeure.

Quelle a été la course qui vous a laissé le meilleur souvenir ?

Le 10 août 2006 quand je suis arrivée au sommet du Mont Blanc ! Le toit de l'Europe ! Ce n’est pas forcément la course la plus dure que j'aie faite, mais c'est la plus émouvante ! En partant du refuge des Cosmiques, on a mis 5 h 30 pour monter et 3 h 30 pour redescendre !

Et la plus pénible ?

Le Pic Central du Vaccivier dans le Massif des Ecrins. Techniquement, ce n’était pas très dur, mais la fatigue s'est fait beaucoup ressentir. On n'a pas pu redescendre comme on avait prévu. Le chef de cordée a joué la sécurité en nous faisant emprunter un autre itinéraire. On était partis du refuge à 4 h et on est rentrés à 22 h. J'avais une confiance aveugle dans mon chef de cordée, et je ne me suis pas posé de questions. Dans ces cas-là, il faut être capable d'aller chercher dans nos réserves insoupçonnées ! A aucun moment je me suis sentie en danger, je me disais simplement : ça va être long, et on va y arriver !

Quelle est votre plus belle expérience ?

J'en ai beaucoup. (Moment de réflexion) Dans les Calanques de Cassis, j'encadrais un groupe avec une autre personne. Lors de passages un peu plus impressionnants, plus exposés, quelques participants dont un en particulier n'étaient pas rassurés du tout. Devant la difficulté, on a décomposé tous les mouvements et les participants suivaient nos conseils au mot près. Quelle satisfaction de voir leur sourire avec l'obstacle derrière eux, un obstacle qu'ils pensaient infranchissable ! Ensuite continuer la randonnée et arriver au bout sans s'en rendre compte !

Et votre plus grosse frayeur ?

Une grosse gamelle lors d'une sortie avec un ami ! On était encordé et on a dévissé pour arriver dans une cuvette enneigée ! C'était à Aiguille Saint Esprit dans la Vanoise. Mais avec quand même quelques bobos ; ça va, on a limité la casse ! Mais ça m'a pas découragée, 15 jour après, je grimpais "les Rouies" dans le massif des Ecrins !  

Et pour conclure ?

J'ai de la chance d'être encadrante car on est là pour pousser les gens juste au bon moment, là où ils en ont besoin ! On crée ces opportunités pour la satisfaction du dépassement de soi, que la chose irréalisable a été accomplie. La transmission est importante. Moi, j'ai toujours été guidée par Georges et Brigitte. Grand merci à eux ! Aujourd'hui, je suis responsable de la "Commission Formation" au sein du "Club Alpin Français" de Bourg et des personnes que j'ai guidées font la formation d'encadrant. La montagne, c'est un milieu qui se partage ! On a autant de satisfaction à donner qu'à recevoir. La montagne, elle sera toujours là demain, on n'y est pas allé aujourd'hui, on ira demain avec des conditions de sécurité optimum ! Je terminerai en citant Rebuffat; " Un bon alpiniste est un alpiniste vivant !".

Le Club Alpin Français de Bourg-en-Bresse :

- But : Amener les gens vers l'autonomie en montagne ; ça ne veut pas dire que tout le monde doit partir seul comme des "Fanjos" mais que chacun doit savoir s'orienter, être capable de juger d'une situation comme par exemple prendre la décision de redescendre si l'orage menace. 

- C'est 490 membres, 41 encadrants entièrement bénévoles,

- Contact : 2, Boulevard Joliot Curie 01000 Bourg-en-Bresse ou 04 74 22 66 76 ou clubalpinbourg01@orange.fr ou http://clubalpindebourg01.ffcam.fr